Volcans islandais : l’Hekla explose… mais ne prévient pas !

Qui c’est, ça « Hekla » ?

L’Hekla est un volcan islandais situé au sud de l’Islande, dans les highlands. Très redouté, il fait des éruptions volcaniques spectaculaires, explosives et imprévisibles. En fait, c’est le volcan le plus craint d’Islande – avec le Katla – dans l’inconscient collectif des islandais. Jusqu’en 2010 et les sautes d’humeur de notre ami Eyafjalajokull, les éruptions de l’Hekla étaient les plus célèbres d’Islande dans le monde en raison de leur puissance… à tel point qu’au moyen âge, il était considéré comme la porte vers les enfers ! Et cette croyance a perduré jusque dans les année 1800 tout de même !

Manuscrit du moine Ortelius  représentant l’Hekla – 1585.

Suite à son éruption de 1104, un moine européen, Abraham Ortelius, a même écrit sur lui en le comparant avec l’Etna en ces termes : « Le célèbre chaudron ardent de la Sicile, que les hommes appellent « cheminée de l’Enfer » […] ce chaudron est décrit comme une petite fournaise comparée à cet énorme enfer ».

À cette même époque, un autre texte – écrit par un moine également – décrit l’Hekla comme la prison de Judas. Une carte manuscrite de 1585 le représente en éruption. Il y est inscrit le texte suivant : « L’Hekla, perpétuellement condamné aux tempêtes et à la neige, vomit des pierres avec un bruit terrible ».

Aujourd’hui encore, il a toujours une réputation mystique puisque des sorcières se réuniraient tous les ans en son sommet pour Pâques. À cause de ces croyances, l’Hekla n’a finalement été gravi pour la première qu’en 1750, bien que son ascension ne soit pas difficile ! Vous l’avez compris, l’Hekla impose le respect et en allant le visiter, il vaut mieux respecter certaines règles que nous verrons plus bas.

En français, son nom signifie littéralement « capuchon ». Pourquoi ? Parce que situé au Sud de l’Islande -région très pluvieuse où le ciel est très fréquemment couvert – et dominant la région, il est très souvent « encapuchonné » par des nuages. Nous confirmons d’ailleurs car lors de notre première visite de l’Hekla, celui-ci était caché derrière ses nuages et nous n’avons vu que sa base.

Mais si vous avez la chance d’avoir un ciel dégagé lorsque vous passez lui rendre une petite visite, vous ne pourrez pas le louper : sa forme ressemble à la coque d’un bateau inversée… et ça les vikings – un peuple de marins à la base – l’ont très vite remarqué.

C’est l’un des volcans les plus actifs d’Islande, avec plus de 20 éruptions depuis 1200 ans – soit tout de même une éruption tous les 60 ans en moyenne ! -. Les éruptions de l’Hekla produisent une grande quantité de cendres volcaniques : les téphras. Pour indication, 10% des téphras islandais ont été produits par lui lors du dernier millénaire, soit environ 5 km3 de téphras. Et lors de ce dernier millénaire toujours, l’Hekla est l’un des volcans qui a produit le plus de lave au monde avec plus de 8km3 de lave rejetée au total. Ça donne une idée du phénomène : on commence directement par les superlatifs… et ça va durer tout le long vous allez voir !

 

Géographie et géologie de l’Hekla

Le système volcanique de l’Hekla s’étend sur 40km de long et 5,5 km de large. En fait, c’est à la fois un strato-volcan et une fissure éruptives puisque l’Hekla désigne le sommet culminant de la dite faille. La base du volcan fait 12 km de long sur 9 de large. Il culmine à 1488m d’altitude et s’élève à plus de 1000 mètres au-dessus des terres environnantes. Ces dernières sont d’ailleurs totalement désertiques – souvenez-vous de la réputation du volcan ! – ce qui permet aux visiteurs de faire une jolie ballade dans des paysages lunaires façonnés d’éruptions en éruptions – souvent surnommés « purgatoires », forcément avant « la porte de l’Enfer » – avant d’arriver au volcan lui-même.

En règle générale, la majorité des éruptions de l’Hekla commence par une coulée pyroclastique violente – c’est-à-dire une nuée ardente – suivie de nuages de cendres. Les coulées de lave n’arrivent qu’après. Elles sont dangereuse et ne doivent jamais être prises à la légère, même si il est classé dans la catégorie des « volcans rouges » – soit les volcans à lave, les moins dangereux, à l’opposé des « volcans gris » qui explosent en nuées ardentes et qui sont donc logiquement plus redoutés -. En effet, la composition de son magma le rend unique en son genre en Islande car il est le seul à faire des nuées ardentes à quasiment chaque éruption !

L’Hekla est situé dans le Rift qui traverse l’Islande, sur la partie Ouest de la branche la plus à l’Est qui descend vers le Sud en passant par le milieu de l’île. Il y est situé en bordure nord du Rift, ce qui fait que son magma,  principalement composé de basalte et d’andésite, est très différent de celui des autres volcans islandais, formé de basalte tholéitique (riche en silice). Les téphras de l’Hekla sont aussi très riche en fluor, très mauvais pour les hommes et les animaux – même s’ils sont tout de même utilisés en homéopathie afin de guérir les problèmes respiratoires -.

C’est pourquoi ses éruptions ne ressemblent pas à celles de ses voisins : les autres volcans islandais explosent parce que leur magma entre en contact avec de l’eau ou de la glace, mais leurs éruptions sont effusives. L’Hekla, lui, explose tout seul à cause de la composition de son magma !

Rift d’Islande et composition de la lave des volcans islandais

Et évidemment comme souvent avec les volcans, plus la durée entre chaque éruption est longue et plus l’éruption est importante…

 

Les éruptions notables de l’Hekla

Très actif, l’Hekla a manifesté sa colère au grand jour à de nombreuses reprises… et parfois de manière assez spectaculaire ! Petit tour d’horizon…

Éruptions du volcan Hekla

 

Les éruptions de -5050, -2300 et -950

Ces éruptions n’ont pas été observée directement par l’homme car l’Islande n’était pas encore habitée. Cela étant, elles ont tout de même laissé de grosses traces dans les couches de glaces européennes, notamment en Scandinavie et bien évidemment en Islande. On ne connait donc pas grand chose d’elles… mais on sait tout de même qu’elles ont été très importantes puisqu’elles ont recouvert 80% de l’île de Téphras rhyolithe, roche magmatique volcanique de couleur assez claire : rosée ou grise et parfois bleue. Pour faire simple, c’est l’équivalent volcanique du granit.  Celles de -950 et de -2 300 furent celles qui produisirent le plus de téphras en Islande de l’holocène – notre ère géologique – ! Et l’éruption de -950 a même eu un indice d’explosivité volcanique de 5 (VEI 5), ce qui commence à être franchement redoutable.

 

L’éruption de 1104 de l’Hekla

Dispersion des cendres de l’Hekla pendant l’éruption de 1104

L’Hekla était en sommeil depuis au moins 250 ans quand il a explosé à l’automne 1104, recouvrant par la même occasion plus de la moitié de l’Islande – 55 000 km2 ! – de 1,2 km3 à 2,5 km3 de téphra. Ce fut la troisième plus importante éruption de téphra de l’holocène dans le pays – rien que ça ! – avec un VEI de 5, comme en -950.

Tout ce qui était situé sur le trajet de l’éruption, dans la vallée de Þjórsárdalur à 15 km de là, Hrunamannaafréttur à 50 km et au lac Hvítárvatn à 70 km a été abandonné en raison des dommages causés – la vallée de Þjórsárdalur a même été détruite -.

C’est cette explosion qui a rendu l’Hekla célèbre dans toute l’Europe… et voilà comment on se fait une réputation !

 

L’éruption de 1158 de l’Hekla

On sait qu’une éruption de VEI4 a débuté le , produisant plus de 0,15 km3 de lave et 0,2 km3 de téphra. Elle est la source de la coulée de lave d’Efrahvolshraun sur le flanc ouest du volcan… mais on n’a pas beaucoup plus de précisions sur ce réveil-ci…

 

Les éruptions de 1206 et 1222 de l’Hekla

Avec ces deux petites éruptions qui n’ont pas produit beaucoup de téphras – indice VEI 3 pour la première et 2 pour la deuxième – on pourrait presque prendre l’Hekla pour un volcan « ordinaire ».

 

L’éruption de l’Hekla de 1300-1301

Cette éruption de VEI 4 a commencé le 11 juillet et a duré une année. Deuxième plus grande éruption de téphra de l’Hekla depuis la colonisation de l’Islande, ses cendres ont recouvert 30 000 km2 de terres avec 0,31 km3 de téphra – sans compter les 0,05 km3 de lave également expulsés ! -. Les téphra ont causé des dégâts importants, et pour ne pas arranger les choses, le volcan a également rejeté beaucoup de souffre… tant et si bien que l’éruption est à l’origine de 500 morts humaines cet hiver-là. Dans une Islande très peu peuplée – nous sommes toujours moins de 400 000 aujourd’hui ! -, on vous laisse imaginer le drame humain et la réaction des vikings !

 

Les éruption de 1341 et 1389 de l’Hekla

En 1341, une petite éruption VEI3 a commencé le 19 mai  dans la zones Ouest et Sud-Ouest de l’Hekla, tuant de nombreux bovins de la fluorose. À la fin de l’année 1389, le volcan se manifeste de nouveau avec la même intensité, VEI3, en commençant par une grande éjection de téphra au Sud-Est, détruisant les fermes proches avec une grande coulée de lave qui constitue aujourd’hui les 12,5 km2 de Nordurhraun.

 

Les éruption de 1510 et 1597 de l’Hekla

Celle de 1510, classée VEI4, a commencé le 25 juillet 1510. On a retrouvé des bombes volcaniques projetées par le volcan à plus de 40 km du cratère, tuant même un homme à Landsveit !

Celle de 1597, classée VEI4 aussi, a commencé le 3 janvier et a duré plus de 6 mois, provoquant des dégâts jusqu’à Myrdalur.

 

Les éruptions de 1636-1637 et 1693 de l’Hekla

L’éruption de 1636 est considérée comme faible – VEI3 -. Débutant le 8 mai, elle a néanmoins duré plus d’un an, endommagé les pâturages au nord et entraîné des pertes en bétail !

En 1693, ce n’est pas la même chose ! L’éruption, qui a commencé le 13 janvier, a duré plus de 7 mois et fut l’une des plus destructrices de l’Hekla, classée VEI4. Les téphra ont été initialement libérés au rythme très intensif de 60 000 m3/s, avec un volume total de 0,18 km3 pendant toute l’éruption. Elle est également responsable de l’apparition de lahars – coulées de résidus volcaniques non consolidés et brûlants pouvant survenir plusieurs années après l’éruption et plus destructrices que les nuées ardentes ! – et même d’un tsunami, fait très rare en Islande. Les téphra ont été expulsés vers le Nord-Ouest, détruisant et endommageant les exploitations agricoles et les bois. Des cendres de l’éruption ont même atteint la Norvège ! La faune fut malheureusement très touchée, avec une mortalité importante chez les truites, les saumons, et les animaux de ferme. Il n’y a néanmoins pas eu de victime humaine a déploré malgré l’importance de cette éruption.

 

L’éruption de 1766-1768 de l’Hekla

L’éruption de 1766 fut importante elle aussi : indice VEI 4. Elle a produit à l’époque la troisième plus grande coulée de lave islandaise de ces 10 000 dernières années avec 1,3 km3 rejetés couvrant quelques 65 km2 et le troisième plus grand volume de téphra émis – 0,24 km3 – depuis la colonisation de l’île par l’homme. Eh oui, encore des records… on vous avait prévenus qu’on multiplierait les superlatifs ! Il faut tout de même noter que cette éruption a été détrônée en 2014-2015 par le Bardabunga, elle est donc désormais la quatrième plus grande éruption de coulée de lave d’Islande de l’holocène et non plus la troisième. Nous avions d’ailleurs déjà fait une description des 4 plus grosses éruption en Islande, pour ceux que cela intéresse.

L’éruption a duré en tout plus de 2 ans et ne s’est pas arrêtée avant mai 1768, causant pas mal de dégâts. Au départ, une couche de 2 à 4 cm d’épaisseur de téphra a été déposée sur Austur-Húnavatnssýsla et Skagafjördur, entraînant la mort de poissons et de bétail. Et parmi les manifestations dévastatrices principales connues, on a recensé des bombes de lave pouvant atteindre jusqu’à 50 cm de diamètre projetées à 15-20 km du cratère ainsi qu’une inondation causée par un mini jokulhaups.

 

L’éruption de 1845-1846 de l’Hekla

Rien de tel qu’un témoignage – même anonyme – pour la décrire :

« Après une violente tempête dans la nuit du 2 septembre de cette année, la surface du sol dans les îles Orcades a été recouverte avec la poussière volcanique. Il a donc été indiqué aux habitants de Grande-Bretagne que l’Hekla était de nouveau au travail. En conséquence, la nouvelle d’une grande éruption de la montagne se propagea rapidement. Dans la nuit du 1er septembre, les habitants des environs furent terrifiés par un terrible grondement souterrain, qui s’est poursuivi jusqu’à la mi-journée du 2. Puis, avec un énorme fracas, deux larges ouvertures s’ouvrirent sur les flancs du cône, d’où s’écoulèrent des torrents de lave, qui ont coulé dans deux gorges sur les flancs de la montagne.Le sommet était enveloppé dans les nuages de vapeur et de poussières volcaniques.Les cours d’eau voisins étaient devenus si chauds qu’ils tuèrent les poissons, et les moutons des landes environnantes fuirent, certains furent brûlés avant qu’ils ne puissent s’échapper. Dans la nuit du 15 septembre, deux nouvelles ouvertures se sont constituées – l’une sur l’est et l’autre sur le versant sud – d’où de la lave s’écoulait depuis vingt-deux heures. Elle a coulé à une distance de plus de vingt miles, tuant de nombreux bovins et détruisant une grande surface de pâturages. À douze miles du cratère, le torrent de lave avait entre quarante et cinquante pieds de profondeur et près d’un mile de largeur. Le 12 octobre, un nouveau torrent de lave jaillit et libéra une masse équivalente. La montagne resta en activité jusqu’au mois d’avril 1846 ; ensuite, il se reposa pendant un certain temps puis reprit le mois suivant. Depuis lors, toutefois, il entra en sommeil. Les effets de ces éruptions furent désastreux. L’ensemble de l’île était jonché de cendres volcaniques qui, si elles n’ont pas purement et simplement étouffé l’herbe, lui ont donné un goût toxique. Le bétail qui se nourrit de cette herbe tomba malade, une grande partie succomba. La glace et la neige, qui s’étaient accumulées sur la montagne pendant une longue période, fondirent entièrement sous l’effet de la chaleur. Des masses de pierre ponce, pesant près d’une demi-tonne, furent projetées à une distance comprise entre quatre et cinq miles. »

Vous avez donc un aperçu de ce que pensait les voisins de l’Hekla lorsqu’il rentrait en éruption… Cette éruption a bien entendu été chiffrée depuis  : 0.17 km2 de téphra émis à une vitesse de 20 000m3/s à l’Est du volcan formant une couche de cendres de 20 à 40 cm.  Ces cendres ont atteint les iles Féroe, Shetland et Orcades. Les coulées de lave quant à elles s’étendirent sur 25 km2 pour 0.65 km3 de lave écoulés. Les cendres ont été dispersées dans les pâturages comme l’indique ce témoignage, ce qui a entraîné de nombreux décès humains de fluorose plusieurs années après le fin de l’éruption, le 5 Avril 1846.

 

L’éruption de 1947-1948 de l’Hekla

Début : le 29 mars 1947. Fin : le . Avec un VEI de 4, ce fut alors à la fois la deuxième plus grande éruption de lave de l’Hekla depuis la colonisation de l’Islande par l’Homme et la deuxième plus grande éruption de lave dans le monde au cours de la période 1900-1970 ! Elle est désormais la troisième plus grande coulée de lave islandaise depuis la colonisation de l’Islande car là encore l’éruption du Bardarbunga de 2014-2015 dans le Holuhraun l’a suplantée.

Elle survient plus d’un siècle après la précédente – si on ne compte par les 3 petites de 1878 et 1913 -, soit après la plus longue période de sommeil du volcan depuis 1104. Avant l’éruption, comme presque toujours avec l’Hekla, rien de visible depuis les environs n’a permis de prédire l’éruption. Celle-ci s’est produite à 6 heures du matin dans un puissant grondement, sans le moindre tremblement de terre pour prévenir de ce qui se préparait : un séisme de magnitude 6 correspondant à la déchirure du trou béant sur le volcan se produit à 6 heures 50 et déclenche directement l’éruption !

Durant les premières heures, l’éruption est plinienne puis elle devient vulcanienne, comme sur les volcans gris : coulée de lave de faible ampleur, lave très visqueuse, éjection de bombes volcaniques, gros panache de fumée. Le panache volcanique monte jusqu’à 30 km d’altitude, puis le vent le dévie vers le glacier Eyjafjallajökull (oui, celui sur le volcan que tout le monde connaît) plus au sud, recouvrant ce dernier de cendres noires. Les premières pierres ponces tombent sur Fljótshlíð vers 7 heures 10. Téphra et cendres s’y accumulent pour y former une couche 3-10 cm. Une bombe de lave d’un diamètre de 0,5 m et lourd de 20 kg atterrit à 32 km de l’Hekla ! Quand on vous dit que ce volcan est dangereux, même si on est loin… 32km quand même ! Entre le Vatnafjöll et l’Hekla, une couche de téphra atteignant un mètre d’épaisseur a été déposée, accompagnée de bombes d’un diamètre encore plus important.  51 heures après l’éruption, des cendres tombent sur la Finlande, notamment Helsinki.

Les taux de production de téphra dans les 30 premières minutes de l’éruption sont de 75 000 m3/s. Et dans les 20 premières heures de l’éruption, environ 3 500 m3/s de lave sont produits à partir de la fissure qui s’est ouverte et qui finit par se diviser en plusieurs branches, couvrant ainsi 12,15 km2. Au deuxième jour, 8 colonnes éruptives distinctes sont visibles. Un cratère se formé à 860 mètres d’altitude appelé « cratère de lave » – Hraungígur -, produisant un flux constant de pierres liquides bouillantes. Un autre cratère nommé le « cratère de l’épaule » – Axlargígur – produit une colonne de fumée toutes les 10 secondes accompagnée de fortes explosions qui créent des ondes de compression visibles dans la fumée. Heureusement très vite, les quatrième, cinquième et sixième jours, l’éruption diminue considérablement et seuls Hraungígur et Axlargígur connaissent encore des éruptions explosives. Au final, 98 exploitations agricoles ont été endommagées par l’éruption, mais seulement 2 sont détruites définitivement.

 

L’éruption de 1970 de l’Hekla

Moins violente que sa précédente, cette éruption débute le 5 mai 1970 et se caractérise par de nombreuses fontaines de lave au nord et au sud de la zone sommitale, dont les coulées recouvriront 18km2. Mais elle est tout de même à noter car elle n’a pas connu de phase explosive, ce qui est très rare pour l’Hekla.

 

L’éruption de 1980-81 de l’Hekla

Le 17 août 1980, une éruption plinienne – éjection des matériaux avec force dans le ciel tout droit au dessus du volcan – se déclenche avec un panache volcanique allant jusqu’à 15 km d’altitude. Un système de fissures s’ouvre sur l’Hekla d’une longueur de 8 km, qui est le siège pendant 4 jours d’explosions puis d’émission de coulées de lave.

En avril 1981, une nouvelle phase éruptive d’une semaine a lieu à partir du cratère sommital et de fractures ouvertes dans le flanc nord.

 

L’éruption de 1991 de l’Hekla

Le 17 janvier 1991, moins de 40 minutes après le premier séïsme annonciateur, démarre dans la zone sommitale une puissante phase explosive plinienne qui couvrira 20 000 km2 de téphras. Puis pendant deux jours, d’importants volumes de lave (similaires à celles de 1970 et 1980), sont émis sous forme de coulées. Les taux d’effusion baissent ensuite mais l’éruption ne s’arrête que le 11 mars.

 

La dernière éruption de l’Hekla : celle de 2000

Et enfin le 26 février 2000, après seulement 1 h 20 min d’activité sismique préalable, une nouvelle éruption débute subitement. Une fissure s’ouvre dans l’axe de la zone sommitale  et crache des fontaines de laves accompagnées d’émissions de cendres formant un panache de 11 km de hauteur. De larges coulées s’échappent principalement au sud-est et au centre de la fissure. L’éruption se termine une semaine plus tard, le 6 mars 2000.

Un avion sur une de ces photos vous donnera une idée de l’ampleur de la nuée !! On vous laisse chercher… n’hésitez pas à les agrandir !

Depuis 1970 l’Hekla entre donc en éruption à peu près tous les 10 ans. C’est pourquoi les volcanologues scrutent de très près l’activité sismique du phénomène dont la chambre magmatique a été déclarée comme pleine depuis l’automne 2013.

Pour la petite histoire, des amis islandais nous ont raconté l’histoire d’un fermier installé près du bestiau qui a tout de même déjà du déménager sa ferme 11 fois à cause de son ombrageux voisin (éruptions, glissements de terrains, terres contaminées, etc.)… pas facile d’être installé sur un terrain aussi actif !

L’ancien boss de M. Puffin lui avait également expliqué qu’il était encore marin lors de la dernière éruption de notre ami. La radio avait annoncé l’éruption alors qu’il était de sortie de pêche, juste en face du volcan. Mais l’explosion n’a eu lieu en réalité que 15 minutes plus tard, alors qu’ils étaient tous sur le pont à scruter l’horizon en commençant à avoir de sérieux doutes sur les compétences des volcanologues et/ou journalistes… et qu’ils ont donc tous pu assister en direct au réveil de Dame Nature !

Et aujourd’hui qu’en est-il de l’Hekla?

Depuis 2011 les volcanologues islandais ont indiqué avoir vu quelques trémor (remontée de magma). En novembre 2013, ils ont annoncé que la chambre magmatique de l’Hekla s’était remplie. Depuis que cette dernière est pleine, le volcan ne cesse de gonfler, bien que l’activité sismique y soit très faible. Les volcanologues s’attendent donc depuis 2011 à une éruption très prochaine du volcan… sans pouvoir prédire quand bien évidemment, surtout que l’Hekla ne prévient pas… Lors de la dernière éruption par exemple, aucun signe n’était visible jusque 1h30 avant son explosion. Par chance c’était en février et il n’y avait donc aucun visiteur sur le volcan… Cela n’aurait pas eu les mêmes conséquences si cela avait été en été, piégeant les randonneurs en pleine ascension !

Fumerolles au sommet du volcan Hekla

C’est pourquoi depuis 2011 les autorités communiquent et insistent pour que personne n’entame de randonnée sur le volcan, car il fait 3h pour atteindre le sommet depuis le dernier parking… et si vous êtes sur le dernier parking au moment de l’éruption vous êtes encore beaucoup trop prêt ! En effet, l’Hekla ne prévient pas et explose directement, avec à 95% du temps des nuées ardentes. En plus, le volcan éjecte de nombreuses bombes volcaniques qui ont déjà tué des personnes se trouvaient à plus de 40 kilomètres du volcan. D’ailleurs les alentours du massif en sont jonchés !

Lorsque vous êtes en face du volcan, dans la zone estimée encore comme sûre – enfin sûre… disons que vous avez le temps de partir vite en cas d’alerte-, vous avez plein de panneaux qui vous préviennent du danger, de l’imminence et de l’impossibilité de prévoir la prochaine éruption, et qu’une fois ces panneaux franchis, vous avez passé la zone considérée comme « évacuable à temps » en cas de réveil du volcan. Ce n’est pas comme le Katla ou l’Eyjafjallajokull qui préviennent longtemps en avance…

Un des panneau de prévention des randonneurs sur la route du volcan Hekla

Si vous décidez d’y aller quand même, les autorités vous demandent de télécharger une application spéciale pour smartphone et d’activer la géolocalisation. En cas de trémor (séisme précédent l’éruption), vous serez directement prévenu sur votre téléphone pour déguerpir en vitesse… et le service de géolocalisation permettra au secouriste de vous retrouver plus facilement. Des panneaux vous indiquent également les conseils à suivre en cas d’éruption et si vous êtes pris au piège, comme essayer de partir rapidement en prenant les chemins les plus en hauteur possible – surtout pas des creux – en cas de coulée de lave ou de trouver un endroit abrité pour se protéger. Eh oui, l’Hekla est sûrement le volcan islandais le plus dangereux, car il est imprévisible, capricieux, et très puissant… vous êtes prévenus !

Et en attendant, n’oubliez pas la webcam fixée en permanence sur le zozio… on ne sait jamais…

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