Sur les traces des bandits Vikings dans la grotte de lave de Viðgelmir !

L’Islande est parsemée de panoramas aussi magnifiques qu’uniques : les champs de lave. Nous en avons traversé – et en traverserons encore ! – dans tous les coins de l’île… nombres d’entre-eux font d’ailleurs partie de nos paysages préférés ! Et même s’il est parfois périlleux de s’y balader, nous ne manquons pas une occasion de nous y risquer, avec plus ou moins de succès selon les coins que nous décidons d’explorer il faut bien l’avouer ! Parce que à moins qu’ils ne soient âgés d’au-moins quelques milliers – … ou millions !?! – d’années et donc assez érodés pour former une plate forme praticables pour nos chevilles et nos pieds, la prudence est notre alliée, une entorse est si vite arrivée… Difficilement praticables, certains ont donc été déclarés hantés par des Elfes ou des Trolls locaux… et certains ont servi de refuges aux hors-la-loi Vikings désireux de sauver leur peau, quelques décennies avant que robin des Bois, dépourvu lui de champs de lave hanté, ne décide de se cacher dans un bois possédé. Près d’un millénaire après leur passage, nous avons pénétré dans un de leurs repairs : la grotte de Viðgelmir… impressionnant !

Notre grotte donc est située dans le champ de lave de Hallmundarhraun, aux pieds des glaciers Langjökull et Erisjökull. Longue de 52 kms environ, nous avions déjà eu plusieurs fois l’occasion de la parcourir dans diverses occasions, avec des angles de vue différents. Et sous la neige comme en été, à pieds ou sur les pistes qui la surplombent, notre ressenti a toujours été le même : Wouaou !! C’est d’ailleurs lors d’une de ces ballades l’année dernière que nous avions remarqué une immense cavité enneigée – notre premier hiver nous avait gâté question neige et verglas ! – faisant germer dans nos têtes une patiente mais irrépressible envie de revenir la découvrir… jusqu’au mois dernier où nous avons enfin concrétisé !

Pour une fois, nous n’avons pas passé la semaine à guetter les humeurs de Dame météo : la luminosité extérieure importe peu pour parcourir des galeries souterraines… Cela dit, il faisait tout de même beau lorsque nous avons pris le chemin de notre expédition, non sans penser aux bonnets, gants et manteaux nécessaires pour affronter les températures flirtant avec 0 – voire même carrément négatives – de notre destination. Arrivés un peu en avance, une fois sur place, nous lâchons les minis Puffins dans la nature – avouez : qui a lu « nous lâchons les fauves dans la nature » ? – qui adoptent très vite une formation basaltique plus verticale pour en faire leur « chateau » pendant que M. Puffin s’occupe de récupérer nos équipements. Ah ça, ils ont eu du succès ces casques ! Avec leur petite loupiote frontale, les minis affichaient une banane à éclipser le reste de leur visage !

Un guide devant, un guide derrière, le groupe se met en marche dans la lave… en faisant bien attention à ne pas quitter le chemin indiqué pour ne pas détruire le fragile éco-système mousseux qui a mis des siècles à s’installer sur la coulée – c’est d’ailleurs une règle à respecter pour toute ballade pédestre ou motorisée en Islande ! -.  Nous ne perdons évidemment pas une miette des paysages qui nous entourent : glaciers, montagnes et coulée s’imbriquent dans un panorama qui semble sorti tout droit d’une autre planète et dont nous ne nous lassons décidément pas ! Parvenus devant l’entrée,  nous marquons une pause sur les contreforts de l’imposante crevasse qui met à jour la galerie souterraine… et ceux qui souffrent de vertige se tiennent à une distance raisonnable du bord de la fosse pendant que le guide commence ses explications.

Puis nous entamons notre descente. Et à mesure que nous nous enfonçons dans la grotte, que la luminosité et la température diminuent, il nous semble peu à peu changer de monde. Oui, c’est ça, nous remontons le temps pour nous retrouver aux alentours de l’an 1000. Dehors, l’État libre d’Islande – crée en 930 – fait ses premiers pas, un peu plus d’un siècle après le débarquement des premiers Viking à avoir foulé la terre islandaise. Au même moment, sous le Langjökull – immense calotte glaciaire des Highlands, surtout à l’époque – tout un système volcanique s’est réveillé, déversant ses flots bouillants sur plus de 200 kms² pendant plusieurs années. La durée de l’éruption ainsi que la composition de la lave qui se solidifie à l’extérieur tout en laissant les nouvelles coulées se frayer un chemin sous sa croûte initiale donne naissance à des véritables tubes sculptés devenus en se refroidissant des grottes magnifiques. Les Vikings, qui se sont installés sur les côtes de l’île, bien plus accueillantes que les terres centrales comme le montre toujours la répartition de la population en Islande aujourd’hui, ne s’aventurent pas sans bonnes raisons dans ces terres intérieures au climat rude et inhospitalier. C’est donc en direction du centre de l’île que les brigands de l’époques se dirigent pour perdre leurs poursuivants et échapper à une justice alors souvent définitive. Et ici, l’endroit est idéal : certes, le glacier rend l’environnement difficilement praticable – ce qui est cependant un avantage indéniable lorsque l’on cherche à se cacher – et particulièrement humide et froid, mais les grottes encore chaudes – 30-40°C tout de même ! – de la jeune coulée de lave de moins de 40 ans offrent un lieu de vie presque confortable pour ce début de millénaire !

Seule la voix de notre guide nous oriente désormais : ici, des bijoux ont été retrouvés – preuve que parmi nos fugitifs vivait au moins une représentante de la gente féminine -, et là, cette formation aplanie surélevée servit de lit. Le feu de camps – fourneaux de l’époque – et ses osselets vestiges d’un lointain festin n’était pas bien loin… d’autant qu’il devait également faire office d’éclairage central en ce temps… parce qu’évidemment, pour éviter tout risque d’être repérés, le foyer est installé presque 500 mètres après l’entrée de la cavité, où les rayons du soleil ne pénètrent plus. Sans nos loupiotes, nous serions nous-mêmes totalement perdus. Mais bien éclairés, nous continuons d’avancer. Accroupis, en monté ou en descente, nous nous enfonçons dans la coulée. Mademoiselle Puffin n’est pas très rassurée et s’agrippe tantôt à la main de papa Puffin, tantôt à celle de maman Puffin pour avancer. Puffin junior et petit Puffin junior, eux, aimerait bien toucher les parois qui nous entourent… d’autant qu’ils ne se sentent évidemment pas concernés par les explications en anglais et qu’attendre notre traduction, c’est forcément trop long !

Et puis au détours d’une nouvelle salle, nous arrivons dans un lieu qui va tout de suite attirer leur attention : la galerie aux « murs chocolat ». Ça y est, le guide a réussi à capter l’attention de nos trois oisillons ! Les propriétés de la lave et du magma particulièrement fluides ont ici donné aux cloisons l’apparence de façades de chocolat fondu. Joli déco pour un intérieur… je dirais même plus : appétissant ! Plus loin, nous déambulons parmi les stalagmites – je ne ferai aucune rime mais tout le monde aura compris au premier coup d’œil… – d’une forme tellement évidente que notre guide se sent obligé de préciser qu’en hiver, il y en a encore plus… Nous nous disons d’ailleurs du coup avec M. Puffin que la visite doit être plutôt folklorique en saison hivernale car si nous slalomons encore entre entre les plaques de verglas au mois de juin, ce doit certainement être sportif au mois de janvier ! Sportif, mais sûrement magnifique également, comme tous ces paysages que la glace recouvre pendant ces mois froids et que nous affectionnons particulièrement.

D’une découverte à l’autre, nous finissons par arriver au bout du parcours aménagé. Il est possible de continuer plus loin, mais pas avec les minis Puffins et avec un peu plus d’équipement… ce ne sera donc pas pour aujourd’hui. Des bancs en bois ont été installés – mouillés par les infiltrations qui gouttent, forcément, nous sommes dans une grotte – et nous nous asseyons les uns en face des autres, attentifs aux prochaines indications de notre guide. Mais pas d’explications cette fois-ci. Il nous demande simplement d’éteindre nos lampes pour une mise en situation de « noir absolu », après avoir validé avec nous que l’expérience ne poserait pas de problème aux minis… qui durent également se déchausser pour éviter de déclencher inopinément les leds colorées et sensibles aux mouvements de leurs baskets – on a la classe ou on ne l’a pas, haha ! -. Une fois dans le noir complet – Melle Puffin serrée bien fort dans nos bras et petit Puffin junior cramponné à nos mains – la voix de notre accompagnateur principal reprend pour nous compter un récit à donner la chair de poule. Islande oblige, c’est une légende trollesque dont il est question… et pour tout vous dire, une fois les repères visuels perdus, on se prend vite au jeu ! Heureusement que nos oisillons sont là pour nous répéter un « Il dit quoi le Monsieur » qui nous ramène à la réalité à intervalles presque réguliers…  Dans cette obscurité totale, nous nous rendons tout de même compte de la prédominance de la vue chez l’Être humain. Et lorsque nos autres sens prennent le relai, chaque bruit raisonne aux sons des milles questions qu’il engendre tandis que chaque courant d’air dont nous n’aurions même pas remarqué l’existence en temps normal devient une information capitale ! Mais ce n’est que passager et l’appel du chemin retour se fait sentir. Les loupiotes sont rallumées et la petite troupe se remet en route. En discutant avec notre seconde accompagnatrice, nous apprenons qu’elle se cache parfois avant la retour de la lumière pour amplifier les effets du conte… ils sont joueurs ces Islandais !

La remontée est plus rapide que la descente. Le temps de prendre quelques photos-souvenirs – quand même, on ne visite pas une grotte de lave tous les jours ! – et nous apercevons déjà la lumière du jour au bout du chemin. Encore passagers de notre voyage dans le passé, cette luminosité nous fait l’effet de néons se rallumant à la fin d’une séance au cinéma ! Dernier stop à quelques mètres du haut de la crevasse, à quelques mètres du retour à la réalité… lorsque nous sommes rejoints par un oiseau qui se pose sur une faille dans la paroi au-dessus de nos têtes, aussitôt suivi par 4 têtes d’oisillons affamés : un retour à l’air-libre de toute beauté ! Et question beauté, nous pouvons en témoigner : cette coulée de lave est aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur ! Quant à nos apprentis spéléologues, ils ont déjà noté leur casque illuminé sur la liste du Père Noël…

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12 réflexions sur “Sur les traces des bandits Vikings dans la grotte de lave de Viðgelmir !

    • C’est une excellente question !!

      De notre point de vue, l’Islande est à visiter en toutes saisons… mais on ne voit pas les mêmes choses en été qu’en hivers !

      Pour une première visite, l’été semble le plus propice : longues journées – et c’est rien de le dire ! – pour visiter sans être pressé par le temps, routes ouvertes et praticables, températures agréables. Bref, des conditions optimales !

      Par contre, pour les paysages glacés et enneigés ou les aurores boréales, il faut braver l’hivers quasi-polaire 😉

      Bonne préparation et n’hésite pas si tu as d’autres questions !

  1. Voilà encore une bien jolie description d’une image de l’Islande que nous ne connaissions pas. Une nouvelle découverte de ce fabuleux pays où le mythe et la réalité se confondent, laissant la porte ouverte à toute forme d’imagination. Nos apprentis vikings semblent trouver dans ces excursions tout ce qu’il leur faut pour s’épanouir et développer leur esprit d’invention et de créativité, tout en se rêvant tantôt explorateurs, tantôt capitaines de navire ou bien encore chasseurs de créatures oniriques.

    • Merci 🙂

      Même s’ils semblent parfois blasés – « En-co-re un champs de lave !!?!! » – ils reparlent pendant longtemps de ces sorties… ou bien on les voit ressortir dans leur jeux un jour, comme ça, sans crier gare. Et puis on se rend compte qu’ils s’en servent de comparaison lors des excursions suivantes. Ils ne vivront pas ces ballades de la même manière au fil des années, chaque âge apportera son regard et ses réflexions, mais on est ravis de vivre avec eux ces moments d’enfance qui forment, expérience par expérience, les futurs adultes qu’ils deviendront.

      Sans compter que nous aussi, nous allons de découvertes en découvertes !!

  2. Intéressé par les histoires de Viking, votre article m’incite à aller visiter l’Islande pour mes prochaines vacances et je ne manquerais pas d’aller voir cette grotte.

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