L’islandais, une langue ancienne
Parmi les sujets à aborder à propos de l’Islande, il en est un inévitable pour tout voyageur de passage ou de long terme et c’est celui de la langue islandaise, ou plutôt le « Norse » comme ils disent en norvégien ou en danois. En fait, celle-ci n’a pratiquement pas évolué depuis 1000 ans. Les islandais sont par exemple capables de lire et de comprendre sans forcer les premiers livres que les pionniers Vikings ont écrits en arrivant en Islande, les fameuses Sagas Islandaises qui racontent leur histoire, leur installation et la vie sur l’île. On aura bien l’occasion de vous en parler ! Les mots islandais sont donc très anciens, et les islandais savent très bien recycler des mots abandonnés depuis des siècles et garder ainsi leur langue extrêmement vivante. Le parfait exemple de cette vivacité est le mot « simin ». Simin, en islandais « moderne », veut dire « téléphone » ou « téléphoner ». Mais à l’origine simin désignait le pont invisible entre le Ciel et la Terre qui permettait de rejoindre Odin et que les morts empruntaient pour retrouver leur paradis. Les vikings pensaient également que leurs prières passaient par cette voie pour attendre les oreilles de leurs Dieux. À la suite de la conversion au Christianisme de l’Islande, ce mot a complètement été oublié et n’a plus été utilisé pendant plus de 500 ans jusqu’à l’arrivée des téléphones portables ! Et lorsqu’il a fallut leur trouver un nom, il a complètement été ressuscité ! Chez les Puffins, on est super friands de ces détails importants qui permettent de mieux comprendre les subtilités de la culture islandaise, car une langue en dit tellement long sur le peuple qui la parle !
Mais commençons par le commencement, c’est-à-dire les subtilités de la langue islandaise, la langue originelle toujours parlée et bien vivante la plus ancienne d’Europe !
En réalité, cette langue est sensiblement proche du danois et du norvégien puisqu’elle s’apparente au « vieux danois » et au « vieux norvégien ». Mais par rapport au français, les différences sont énormes, que ce soit d’un point de vue grammatical, ou pire d’un point de vue phonétique ou de la prononciation. Une fois que notre oreille est habituée et reconnait ses sonorités, la langue islandaise est beaucoup plus douce qu’elle n’y parait au premier abord pour nos tympans latins. Par exemple, les R sont roulés comme en espagnol – et contrairement au danois -. Mais ça, c’est une fois que notre oreille s’y est faite car il y a beaucoup de sonorités qui sont très proches à quelques nuances près et donc difficile a percevoir pour une oreille française… ou même que nous n’avons pas en français.
L’islandais est donc une langue germanique. Mais d’un point de vue historique, cette vieille langue viking a également connu une forte influence du gaélique– langue morte aujourd’hui – et du vieil anglais du nord de l’écosse et du nord de l’Irlande. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’avant de venir s’installer en Islande, les vikings passaient en écosse et en Irlande du Nord pour « voler » des femmes, et capturer des esclaves. Les enfants ainsi nés furent donc élevés avec cette langue en partie – que ce soient par leur mère ou leurs nourrices – transmettant ainsi une partie de leur langue aux futures générations et ainsi de suite. C’est pourquoi les mots ayant attrait à la filiation notamment sont issus de l’anglais et du gaélique : « les garçons » en islandais se dit « strákar« , soit exactement le même mot qu’en gaélique ; ou encore « sson » qui veut dire « fils » et qui se prononce exactement comme son équivalent anglais « son » et « dottir » qui signifie « fille » et qui se prononce comme « daugther » en anglais sauf qu’à la fin on dit « ir ». Les exemples sont nombreux… et pas que dans la filiation ! Et ça peut donner une base à laquelle se raccrocher pour commencer à déchiffrer la langue.
L’alphabet islandais
Mais comme si c’était trop simple, ce ne serait pas drôle, l’alphabet islandais a plusieurs lettres que nous n’avons pas en français : Ð / ð, Þ / þ, Æ / æ. De plus, beaucoup de lettre peuvent avoir un accent qui change complètement la sonorité de la lettre. Il existe 2 type d’accent, l’accent aigu ou le tréma qui existe uniquement sur le « o ». Heureusement, en islandais comme en allemand, tout ce qui s’écrit se prononce, ce qui n’est pas étonnant car le danois dérive de l’allemand à l’origine.
Petit tour d’horizon de l’alphabet islandais :
A / a se prononce « a » ;
Á / á se prononce entre un mixte de « ao » et « aou » ;
AU / au se prononce « euille » comme la fin de feuille par exemple ;
B / b se prononce « b » ;
« We don’t have Cash, but we have ash » – Nous n’avons pas d’argent, mais nous avons des cendres – Blague islandaise
En islandais le C n’existe pas ! D’où l’origine de cette blague pour les anglais remontant à l’éruption de l’Eyjafjallajokull en 2010. Eh oui, suite à la crise bancaire de 2008, les anglais demandaient un remboursement de leur investissement – donc du cash – et ils ont eu un nuage de cendres – ash en anglais – qui a fait perdre des millions de £ aux compagnies aériennes…
D ailleurs il n y a pas que le c qui n existe pas : le q , w, z n existent pas aussi dans la langue islandaise.
D / d se prononce « d » ;
Ð / ð se prononce entre un mixte du « d » et du « th » anglais. Il est très soft et ne s’entend pas beaucoup ;
E / e se prononce « è » ;
EI / ei se prononce « eille » ;
F / f se prononce « f » ;
G / g se prononce « gu » mais en très très doux. Par exemple dans « og » qui veut dire « et », le g ne s’entend quasiment pas ;
H / h se prononce « h » fortement aspiré, un peu comme en allemand… sauf devant le v où il se prononce « k » ;
I / i se prononce « é » ;
Í / í se prononce « i » ;
J / j se prononce « y ». « Já » qui veut dire « oui » se prononce par exemple « yao » ;
K / k se prononce « k » ;
L / l se prononce « l » ;
LL / ll se prononce « tl » ;
M / m se prononce « m » ;
N / n se prononce « n » ;
NN / nn se prononce se prononce comme « n » mais en beaucoup plus court et rapide, presque comme s’il n’y était pas – comme le g -. Allez comprendre en islandais quand il y a 2 n, le son est plus court et rapide qu’un seul !!
O / o se prononce « o » ;
Ó / ó se prononce « au » ;
Ö / ö se prononce « eu » ;
P / p se prononce « p » ;
R / r se prononce « r roulé » ;
S / s se prononce « s » ;
T / t se prononce « t » ;
U / u se prononce « e » ;
Ú / ú se prononce « ou » ;
V / v se prononce « v » ;
X / x se prononce « xs » ;
Y / y se prononce « é » comme le i ;
Ý / ý se prononce « i » comme le í ;
Þ / þ se prononce « th » comme le « th »doux anglais. Il faut pincer la langue entre les deux mâchoires et souffler pour le prononcer !
Æ / æ se prononce « aï »comme quand on se fait mal !
On ne vous avait pas menti : la prononciation est très différente en français et en islandais… et si vous lisez un mot islandais avec la prononciation française, personne ne comprendra rien ! D’ailleurs les islandais rigolent gentiment de la prononciation des touristes qui tentent d’articuler le nom des volcans comme Eyjafjallajökull, Bárðarbunga ou les noms de certaines villes ou lieux touristiques ! Mais on vous rassure tout de suite : c’est la même chose quand ils veulent dire quelques mot en français ! Quand ceux qui n’ont jamais appris la langue de Molière s’aventurent à dire quelques mots qu’ils connaissent, c’est même assez dur de les comprendre ! On comprends mieux du coup pourquoi ils ont du mal à nous comprendre quand on s’essaie à l’islandais des fois ! Par exemple, Eyjafjallajökull donne èyafyalayokeutl en francisé. Facile finalement ! Bon, faut un peu le pratiquer au début…
L’islandais ou la passion des mots à rallonge
Oui, les islandais sont fans des mots à rallonge, à rallonge, à rallonge….
Le mot le plus long fait plus de 64 lettres :
« Vaðlaheiðarvegavinnuverkfærageymsluskúraútidyralyklakippuhringur« . Haha ! Vous êtes bien avancé hein ? Il veut dire : “le porte-clé pour la porte extérieure du hangar à outils des agents de la route 1 sur le plateau Vaðlaheiði ». Car l’islandais a une autre particularité : on peut associer des mots ensemble indéfiniment pour désigner quelques chose de nouveau… ce qui donne a terme des noms imprononçables et illisibles pour nous étrangers. Voila en image ce que ca donne, c est plus clair hein?
Un exemple plus simple pour comprendre : le bus scolaire se dit « skólabíll« , association de « skóla » pour école et « bíll » pour voiture. Ou encore le haut lieu touristique des « Gullfoss« , qui se prononce en fait « Gueutlfauss » – assez différent pour le coup – ! Très simple à traduire là encore, ce sont les chutes d’or (« foss » = chute et « gull » = or). Voilà vous comprenez mieux le principe maintenant !
Les islandais savent bien qu’ils ont des mots très long… mais ils peuvent dire aussi qu’ils ont les phrases les plus courtes du mondes, comme par exemple cette phrase célèbre qui les fait beaucoup sourire : Arni á á á á. Cette petite phrase – c’est le moins que l’on puisse dire ! – signifie : il y a un mouton dans la ferme Arni située près de la rivière á. Littéralement : « Arni » = le nom de la ferme , « á » = sur , « á » = le nom de la rivière, « á » = a – verbe avoir au présent -, « á » = moutons. Cette phrase illustre clairement aussi la complexité de la langue islandaise où des mots très simples peuvent dire tellement de chose différentes…
Les joie de la grammaire islandaise
Nouvelle subtilité de la langue islandaise : tous les mots se déclinent en fonction de leur état, nominatif, accusatif, datif ou génitif. Et encore plus surprenant, quand on dit TOUS les noms, cela inclut les prénoms !!! Même les prénoms étrangers peuvent se décliner s’ils ressemblent à un prénoms islandais… Par exemple, notre Mademoiselle Puffin a un prénom qui finit par « a », comme certains prénom féminin islandais. Par conséquent son prénom se décline… ce qui fait beaucoup rire l’intéressée qui pense que son prénom a une traduction en islandais et pas les nôtres !
De plus en islandais, comme en allemand, il y a trois genre possible : neutre, féminin et masculin. Et là, on peut vous dire que c’est la galère car les genres s’accordent aussi avec l’état des mots… Comme en plus les genres ne sont pas du tout les mêmes qu’en français… alors là effectivement c’est très dur pour les francophones.
Et puis, dernier petit détail – pour le moment -, le pronom se mets à la fin des mots et non pas devant comme nous le faisons. Tout cela rallonge pas mal les mots car on se retrouve avec le genre, la casse, le nombre et à la toute fin le pronom… Exemple : konan veut dire femme, konamyn veut dire « ma femme » – et ça, c’est pour prendre un exemple simple ! -.
Au final, en termes d’apprentissage linguistique, il parait que l’islandais fait partie des trois langues les plus difficiles à apprendre pour un étranger – et ce n’est pas nous qui le disons, mais des spécialistes ! -. Les islandais le savent, et autant ils parlent très vite, ce qui ne facilite pas la compréhension, autant par contre ils sont très compréhensifs et patients sur nos phrases, nos accents, notre prononciation. Et comme ils sont ravis qu’on s’intéresse et qu’on apprenne leur langue – dont ils sont très fiers – ils sont super aidants lorsqu’on essaie de la pratiquer. Et puis prenez le temps d’écouter des chœurs, d’hommes notamment, pour ressentir la langue des vikings et découvrir sa beauté !
Petit lexique : le vocabulaire islandais de survie
Allez, pour le fun… et au cas où vous vous perdiez dans la campagne islandaise loin de tout interlocuteur anglophone – dur déjà ! – voici quelques mots, sinon indispensables, qui peuvent vous être utiles lors d’un voyage en Islande :
Bonjour : Góðan daginn – très amical – ou Góðan dag – neutre – ;Au revoir : Bless, qu’on peut prononcer 2 fois aussi. Se traduit littéralement par « soit béni » ; S’il-vous-plait : BING!!!! Il ne dise pas s’il-vous-plait en Islande… notion inconnue des vikings, haha ; À bientôt : Sjáumst, le « sj » se prononçant un peu comme « ch » ; À demain : Sjáumst á morgun ; Merci : Takk ; Je t’aime : Ég elska þig ; Comment allez-vous ? : Hvad segir þú ? ; Je vais bien, merci, et vous ? : Fint, takk fyrir ! En þú ? ; Parlez-vous français/anglais ? : Talar þú frönsku/ensku ? ; Je ne comprends pas : Ég skill ekki ; Je ne parle pas islandais : Ég tala ekki íslenskú ; Au revoir : Bless/Bless Bless/Bye ; Excusez-moi ? (pour interpeler dans la rue par exemple) : Fyrirgefðu ; Je suis Français(e) : Ég er Franskur/Frönsk ; Je m’appelle… : Ég heiti… ; Oui / Non : Já / Nei ; Combien ça coute ? : Hvað kostar þetta ? ; Je voudrais aller… : Ég verð að fara… ; Aéroport : Flugvöllur ; Bateau : Bát ; Voiture : Bíll ; Bus : Stræto ; Où est… ?/Comment aller à… ? : Hvar er… ? ; Où sont les toilettes ? : Hvar er klóset ? ; Banque : Bankí ; Hôtel : Hótel ; Hôpital : Sjúkrahús ; Docteur : Læknir ; Tout droit : Beint áfram ; En face : Fráman ; Gauche/Droite : Vinstri/haegri ; Nord/Sud/Est/Ouest : Norður/suður/austur/vestur ; Je suis perdu : Ég er týndur ; Un/deux/trois/quatre/cinq/six/sept/huit/neuf/dix : einn/tveir/thrir/Fjogur/fimm/sex/Sjö/átta/níu/tíu ; Quelle heure est-il ? : Hvað er klukkan ? ; Il est 5 heure : Klukkan er fimm ; Lundi/mardi/mercredi/jeudi/vendredi/samedi/dimanche : Mánudagur/Þriðjudagur/Miðvikudagur/Fimmtudagur/Föstudagur/Laugardagur/Sunnudagur ; J’ai faim/j’ai soif : Ég er sjangur/svöng – Ég er þyrstur/þyrst ; Je suis végétarien : Ég er grænmetisæta ; Je suis allergique aux cacahuètes : Ég er ofnæmi fyrir hnetum ; Je suis allergique au gluten : Ég er ofnæmi fyrir Glútein ; Sans oignon : Ekki laukkur – mon préféré ! – ; Eau : Vatn ; Je me sens mal : Mér líður ekki vel ; Appelez un médecin/ambulance : Hringið á lækni/sjúkrabíl – au passage les urgences c est le 911 en Islande – ; À l’aide / au secours ! : Hjálp! ; Danger : Hætta – qui peut vouloir dire brulant aussi, quand vous voyez un panneau comme ca n y allez pas ! -.
Copyright secured by Digiprove © 2017-2018