Allo blog Islande ? Ici M. Puffin ! Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de l’agriculture islandaise et principalement des serres. Eh oui, l’Islande est par exemple le premier pays européen exportateur de banane, ce qui est surprenant quand même quand on sait le nombre de plantations de bananes dans nos chers DOM-TOM.

Arrivée d’eau chaude dans la serre
Comment font-ils ? Eh bien c’est tout simple. Ils utilisent la géothermie et les milliers de sources chaudes islandaises. À mon travail, c’est la plus grosse source chaude du monde qui alimente la serre. Le flux d’eau chaude est continu, il arrive à environ 85°C à l’entrée de la serre. Dedans, il y a tout un réseau de pipeline, au sol, sur tous les côtés, en l’air, qui permettent de la chauffer. Et ça marche plutôt bien, même quand il fait 0°C dehors, la température intérieure est de 15-20°C donc c’est suffisamment chaud. Bon quand il fait -10°C dehors avec beaucoup de vent, la température interne peut descendre. La circulation d’eau est à moitié automatisée selon la température que l’on veut avoir dans la serre.

À l’intérieur de la serre
Les serres ont généralement une structure en acier, qui va soutenir les vitres en verre. Les vitres sont fixées et collées sur la structure, mais quand il y a du vent, elles arrivent quand même à bouger et sous fort vent, comme la tempête de la dernière fois, elles cassent.
Dans ce cas il faut rapidement les remplacer car le froid rentre à l’intérieur et fait fortement baisser la température. En plus, la neige et la pluie vont tomber par les trous et comme c’est beaucoup trop froid pour les plantes, cela va tuer les plants de fraise.

Tuyau d’irrigation en eau et en CO2
Les plants de fraises sont en hauteur, entre 1m et 1m50 sur des gouttières. Ils sont dans des pots. Chaque pot est alimenté en eau par un petit tuyau. L’alimentation en eau est automatisée, l’eau arrive par petite gouttes, au fur et à mesure.
En plus de cela, les serres ont un taux de CO2 plus élevé que l’air extérieur car il est enrichit par un énorme silo de CO2 qui alimentent plusieurs serres, afin d’améliorer la croissance des plantes. Là aussi la diffusion de l’ajout de CO2 est automatisée.
Dans la serre principale de mon travail on peut mettre 25000 plants de fraise. Elle vient d’être équipée de lampe pour l’hiver, pour une puissance totale de 3MW (Yayo, je sais que tu es en train d’halluciner, moi aussi quand mon boss me l’a expliqué). Il y a une lampe de 800W tous les 4-5m de fraisiers. Il faut savoir qu’en Islande ce ne sont pas tous les fermiers qui utilisent des lampes, par exemple mon boss est le seul sur son hameau à le faire (une vingtaine de fermes). Mais cela n’est possible que parce qu’il paie l’électricité au même prix que les fonderies d’aluminium, c’est à dire à un prix défiant toutes concurrences. Il est alimenté directement en haute tension par le réseau et a un convertisseur HT – 400V triphasé. C’est la première année qu’il utilise des lampes, il m’a dit qu’il verrai bien si c’est rentable ou pas à partir de l’année prochaine. Mais pour faire des économies, il allume les lampes de 20h le soir jusqu’à midi le lendemain pour bénéficier au maximum en plus d’un tarif nuit. Il faut savoir aussi que l’électricité en Islande est totalement verte, elle est soit hydraulique, soit géothermique. Celle qui alimente la ferme est 100% hydraulique.
- Culture sous lampe dans les serres en Islande
- Lampes de serres

Bourdons de pollinisation
La pollinisation est assurée dans la serre par des bourdons car ils ne piquent pas.
La température en hiver étant quand même un peu faible pour eux, il faut racheter quelques ruches supplémentaires de bourdons en cartons pendant l’hiver.
C’est assez original, d’acheter des ruches en cartons d’insectes quand même.

Mini tracteur de serre
En ce qui concerne le cycle de production des fraises, car ma ferme ne produit que des fraises depuis 2 ans, il est très complet et est étudié par des chercheurs et consultants à Reykjavik. Les plants arrivent congelés ou très froid depuis la hollande. Ensuite on les plante dans une serre conçue exprès pour cela. On mets de la terre et de l’engrais dans des pots en plastiques, et puis on plante 4 plans par pots. Lors d’une livraison de plantes, on va planter 12500 plantes environ, soit la moitié de la capacité de la grande serre.
Une fois les plantes plantées dans leurs pots on va ensuite les disposer par terre sur des palettes métalliques qui peuvent contenir 8 pots, et lorsque les 12500 plantes sont plantées, la surface de la serre est intégralement recouverte de palettes de plantes. Elles vont rester environ 2 mois dans cette serre, avec de la lumière, et un arrosage manuel.

Appareil de pulvérisation pour la serre
Une fois les plantes arrivées à maturité, elles sont transférées dans une autre serre. C’est un très gros travail. On les dispose donc dans leur gouttière, on met en place les petits tuyaux d’irrigation, 1 par pot.
Ensuite on va réorganiser un peu mieux les pots de fraisiers, en disposant les feuilles plus à l’intérieur et en faisant ressortir à l’extérieur les tiges ou il y a des débuts de fraises et fleurs. Les plantes mortes sont enlevées, les feuilles mortes aussi pour éviter la pourriture.
Les fraises sont ensuite traitées une seule fois contre les champignons quand les bourgeons des fraises font leur apparition, c’est la seule fois où elles sont traités. Quelques fois on leur rajoute du fertilisant bio, peut être 2 ou 3 en tout.
Ensuite vient l’heure de la cueillette. Elles sont triées en fonction de leur état d’aspect et de leur goût en 2 classes : la première classe, celle qui est vendu à la coopérative agricole islandaise (SURTOUT ne pas parler d’un système nationalisé, mon boss a cru que je le traitais de communiste^^… mais il y a une seule coopérative agricole pour toutes les fermes islandaises) et les secondes classes qui sont vendues sur place dans un petit magasin en self-service au bord de la route, ou utilisées pour faire de la confiture ou du sirop. Les fraises de première classe sont expédiées généralement le soir de la cueillette ou le lendemain. Une fois que la récolte est finie, elle dure généralement 1 mois, les pots sont soit bennés soit mis en « hibernation ». Si on les mets en hibernation, on les taille, et on les emmène dans une autre serre, où ils n’ont pas de lumière, et juste un peu d’eau pour que les pots survivent mais ne se développent pas. Ils pourront être réutilisés 1 an ou 6 mois plus tard. Une fois les pots retirés des gouttières, on nettoie les gouttières en récupérant ce qu’il y a de solide dedans et on les désinfecte, ainsi que le sol, avec l’eau chaude à 85°C. Radical c’est très propre après pour recevoir les nouveaux plants. Et ainsi de suite, voilà le cycle de production des fraises. Ma ferme est la deuxième plus grosse ferme de fraise du pays, sur une dizaine à peu près la première étant dans le Sud et dirigée par une hollandaise !
- Chariot de ramassage pour la serre
- Fraises de première catégorie – Serres d’Islande
- Fraises de seconde catégorie – Serres d’Islande

Shop de la serre
Au final les fraises sont vraiment très bonnes, on a pu les comparer par rapport à des importées dans le supermarché du coin et rien à voir : Islande is the best, haha. À la grosse source chaude au nom imprononçable, il y a un fermier qui vends aussi des tomates et des carottes en self-service et à un prix défiant toute concurrence. On en a acheté en Octobre dernier, et c’est vrai qu’elles étaient vraiment très bonnes et se sont conservées beaucoup plus longtemps que les tomates que nous achetions à Carrefour ou Auchan ! Et le self service, je trouve ça vraiment marrant, c’est juste une petite roulotte, ou un petit cabanon pour mon chef, ou il y a les produits dedans avec leur prix dessus, et quand tu en prends, tu dois payer en mettant les pièces ou les billets dans une petite urne… Ahh ils ont vraiment confiance les islandais… Je trouve ce moyen de vente par proximité vraiment très fun et positif : ça permet d’avoir de bons produits très frais, sans transport ni intermédiaire, acheté directement au fermier du coin.
Pour conclure, l’agriculture sous serre est vraiment très développée en Islande et permet à ce pays de produire plus qu’il ne consomme et d’exporter un bon nombre de légumes et fruits dont des fruits exotiques comme les fameuses bananes islandaises, qui sont très bonnes aussi soit dit en passant. D’un point de vue historique, l’agriculture islandaise s’est développée pendant la seconde guerre mondiale, quand il a fallut nourrir les troupes américaines basées (de force) sur l’île. Il y a donc eu pendant et suite à la seconde guerre mondiale un énorme boom de l’activité agricole sous serre. Aujourd’hui on estime à 200000m2 la surface de serre en Islande. La surface de la ferme où je travaille est de 5000m2 pour information. En tout cas, malgré des conditions très difficiles pour l’agriculture, les islandais ont réussis à s’adapter à devenir un pays avec une agriculture moderne et modèle : non polluante, qui utilise que de l’énergie renouvelable, et très peu de pesticide voir pas du tout. C’est donc une agriculture vraiment éco-responsable, respectueuse de l’environnement (les islandais sont très à cheval sur le respect de l’environnement) et à taille humaine.
- Serre en Islande
- Serres en Islande
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Mon boss organise des visites l’été alors si vous passez voir la plus grosse source chaude du monde, vous passerez forcément devant 🙂
Demandez M. Puffin pour la dégustation et visite en Français 😀
Ça me rappelle une anecdote : un groupe de touristes asiatiques arrive, la patronne appelle son mari pour lui dire qu un groupe de japonnais est là. Mon patron commence par une petite blague, en leur demandant si ils parlent anglais parce que son japonnais est limité… Rire général, ça part bien. Plusieurs fois il fait allusion au Japon. Et vers la fin, après 30 minutes environ il leur pose 2-3 questions sur les serres au Japon, ils ne savaient pas quoi répondre, et puis un des gars a pris la parole pour dire qu’ils n’étaient pas japonnais mais Thaïlandais 😀 haha la loose 🙂 Quand sa femme a su ça elle était hilare, mais lui non 🙂
On a bien ri ^^
Donc demandez M. Puffin 😉 c est plus sûr !
Intéressant de découvrir cette culture des fraises assez inattendue sous cette latitude …
3 MW d’éclairage, ça fait effectivement une belle puissance installée; c’est beaucoup, mais beaucoup plus que pour un terrain de foot !!! Et en plus, nous préférons les fraises au ballon rond.
Quant aux bourdons, ça aussi c’est surprenant mais indispensable nous l’avons bien compris.
Pour la visite, le jour où nous viendrons, nous choisirons ni celle en Japonais, ni Thaïlandais, ni Islandais mais bien celle avec Mr Puffin. Faut-il réserver longtemps à l’avance ?
Merci pour cet autre aspect de votre vie là-bas.
Pour ma part, je ne connais – pour le moment – que le bon côté de tout ce travail : la dégustation des fraises ramenées à la maison. Quand M. Puffin ramène une barquette donnée par son patron, tout le monde se jette dessus !
Pour les visites, je laisse M. Puffin répondre à la question… comme pour le reste parce que moi, les MW ou le japonais…, ça reste plutôt abstrait 😉
Grave 3 MW d’éclairage c’est abusé! Un matin j’avais chaud et enlevé mon bonnet, j’ai fini avec le cuir chevelu bien cramé (parce que bon les cheveux euh….)
Pas de souci pour la dégustation et la visite, avec grand plaisir… pour vous, c’est déjà réservé 😉
Eh oui les fraises d’Islande les enfants se jettent dessus 🙂 (et Mme Puffin aussi, hihi :p)
A+ sur notre blog voyage^^ Avant que ça soit dans les serres 🙂
Etonnant tout cela ! Et intéressant !
Oui, la surprise de Churchill devant les bananes de Hveragerði – il y a quand même déjà plus de 60 ans – est encore célèbre ici… En même temps, qui l’eu cru ?!? … Comme quoi les islandais ne manquent pas de créativité ni d’adaptabilité 🙂
Alors là je tombe vraiment des nues, utiliser ce genre de méthode pour faire pousser des fraises, je trouve ça vraiment original, merci pour ce partage culturel !
Oui, c’est comme ça que l’Islande, malgré son climat peu propice à l’agriculture, ne manque ni de fruits, ni de légumes… le tout produit localement ! Ça nous a bien surpris aussi, mais c’est super efficace… et bio en plus ! 🙂
Je suis très surprise d’apprendre que l’Islande est le premier producteur Européan de bananes..! Peut-être est-ce sans compter les DROM? D’autres part, d’un point de vue de pathologiste, je remarque dans tes photos qu’il y a beaucoup de débris au sol, ainsi que des algues. Les algues sont une source de nourriture pour les insectes, parfois vecteur de maladies. Les débris sont des sources d’inoculum de la pourriture grise, ou Botrytis cinerea, principal risque de maladie de la fraise. L’irrigation au goutte-à-goutte permet d’éviter la propagation de spores par splash de plant à plant. Cependant tu parles d’une irrigation manuelle lors de l’enracinement des plants?
http://content.ces.ncsu.edu/botrytis-cinerea-botrytis-fruit-rot-and-blight-on-strawberry
Ces informations pourraient éventuellement être un sujet de conversation avec ton boss… bien que les chefs de culture n’aiment généralement pas parler de problèmes sanitaires. De plus, ton article ne me laisse pas penser qu’ils écument de grosse pertes dûes à ce champignon.
Merci de ce partage, j’ai vraiment hâte de faire la visite!
Euh… joker, je laisse répondre M. Puffin sur ce coup-là 😀
Alors de ce que je sais :
Les débris par terre sont secs, ce sont des feuilles (pas des algues mais ça peut pas se voir sur les photos !) de fraises / tiges mortes, on les enlève des pots justement pour éviter les moisissures sur les fraises.
Contre les moisissures il traite une fois, quand les fleurs sont sorties.
Y’a pas d’insectes en hiver en tout cas, les bourdons ont déjà beaucoup de mal… l’été y en aura peut être, à voir, je te dirai !
Je sais qu’il y a principalement une maladie : les feuilles deviennent blanches, et les fraises aussi se recouvrent de blanc.
Ouep je pense que ça pourra l’intéresser! Il est toujours partant pour avoir des avis sachant que les experts islandais / hollandais / allemand sont déjà pas d accord entre eux, ça lui permet de mieux se faire son idée de la chose.
C’est comme pour le co2, certains lui disent de mettre le tuyau en haut car le co2 descend car il est plus lourd et d autres disent de le mettre dessous les plantes car de toute facon l’air est brassé et le co2 suis l’air et ne reste pas au sol 😀
J ai fait visiter les serres à des français qui passaient dans le secteur pour voir la plus grosse source chaude du monde, il avait vu cet article de notre blog islande et ils ont frappé à la porte! Je vous dit pas comme j ai été surpris lol. Ils ont bien aimé, du coup hésiter pas à passer si vous passez en touristes a reykholt, c est toujours sympas d expliquer la culture sous serre en français 🙂
Bonjour,
Si nous avons l’occasion de repasser dans le coin, l’offre de visite des serres en Français est-elle toujours d’actualité ?!
Si je ne me trompe pas nous avons du passer devant les serres ou vous travaillez en Mars dernier mais nous n’avons pas osé nous y arrêter.
Bonjour,
Oui, oui, n’hésitez pas à vous arrêter !
Comme je travaille avec M. Puffin cet été, il y en aura toujours un de nous deux qui pourra se libérer 🙂
À bientôt peut-être…
Mise à jour de Juin 2016! J’avais écrit dans mon article sur la culture sous serre en Islande que les bourdons ne piquaient pas! FAUX! Je viens d’en faire la malheureuse expérience en instalant une nouvelle ruche. Je me suis fait attaquer et piquer 4 fois au poignet, qui a ensuite gonfler du double de sa taille habituelle. Sale bête! En fait les femelles piquent, même si c’est rare et qu’elles sont plus cool que les abeilles françaises. Ils sont utilisés car ils sont plus rapides donc ils polinisent plus de plantes que les abeilles. En plus, ils sont plus resistants au froid et ils changent moins de « spot » de butinage.